Exposition de photographies d'art: Manon Boyer


Exposition du 16 octobre au 16 novembre 2019.
En l'Audacieuse-Galerie, 50 rue Ancienne à Carouge GE.

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Interview de Manon Boyer:

Photographe-Manon-Boyer

Pouvez-vous nous en dire plus sur le travail photographique présenté ?


Ici, sont présentées deux séries différentes, la première «No matter» qui sont des mises en scène et la deuxième «Under your skin» qui sont des images réalisées dans le monde des Drag Queens. Ces deux travaux remettent en question l’idée de genre et présentent une nouvelle perception du corps. Ces images questionnent les limites définies par la société sur l’identification d’un corps et sa classification. Ici, les différentes images représentent des corps multiples, sans attribution sexuelle ; ils ne sont personne et sont tout le monde à la fois.


Par cette approche, je cherche à mettre en avant les détails charnels de ces corps qui se transforment, et à confronter ces différentes individualités forcées de cohabiter. Je me suis alors intéressée à des moments ou des accessoires en particuliers qui sont directement liés à cet état de transition et qui révèlent ce changement. Mon intérêt à travers la photographie est de me concentrer sur ce corps qui change et prend de nouveaux contours.


Le corps se fait motifs et couleurs qui viennent se répéter dans des compositions nouvelles. Autonome, il suggère la recherche d’un signe marqueur de féminité ou de masculinité, bien que l’intention photographique fût de lui conférer une certaine neutralité. Cette série vise à désacraliser l’entité du féminin et du masculin en portant un nouveau regard sur ce même corps qui se métamorphose et se dédouble continuellement. Un regard formel et non identitaire, qui ne tende pas à la reconnaissance mais à l’expérience d’une nouvelle représentation.


Le corps photographié se joue d’un équilibre entre les genres ainsi qu’entre l’humain et l’inhumain. Les personnalités multiples qui sont suggérées sont à la fois figées par la prise de vue et en perpétuelle métamorphose. Cette bascule, cette rupture là, est le point majeur de ces images.

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Comment en êtes vous arrivez à créer ces séries photographiques ?


Le domaine du genre reste un sujet souvent inconnu et tabou du plus grand nombre. Le but de ces images est de pouvoir ouvrir le débat et donner la chance au gens de découvrir un monde différent. J’ai alors
commencé par réaliser des mises en scènes pour parler du corps et après avoir explorée cette voie j’ai eu envie de m’immerger dans un de ces univers, d’aller plus loin. C’est comme ça que j’ai décidé d’aller à la rencontre des Drags Queens, j’ai trouvé là bas une ouverture d’esprit que je n’avais encore jamais vue. La liberté des corps était exactement ce que je recherchais. Les Drag Queens explosent toutes les limites connues du genre, oscillant constamment entre plusieurs personnalités, elles m’ont offert un autre regard sur le monde.


Comment travaillez vous vos images ?


J’ai souvent besoin de me retrouver immergée dans un univers pour pouvoir faire des images, j’aime connaître mon sujet sur le bout des doigts avant de photographier. J’essaye ensuite d’osciller entre portraits et détails pour donner le plus d’informations possible. Les cadrages sont souvent serrés car je choisi minutieusement ce que je décide de montrer pour parler de mon sujet. Mais le point majeur de mes photographies est la couleur, je les construis et les pense toujours en partant de cette notion, elle est centrale et lie toutes les images entre elles. Bien sur la lumière est très importante, j’attends patiemment qu’elle se pose sur les corps avant de déclencher.

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