Exposition de photographies d'art: Alexandre Pierre Albert

Vernissage le samedi 4 novembre à partir de 11h à 20h.
Exposition du 31 octobre au 1er décembre 2023.
En l'Audacieuse-Galerie, 50 rue Ancienne à Carouge GE.

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L'artiste met en scène, lieux improbables et corps féminins. Un parti pris qui veut inciter le spectateur à regarder au-delà de l'évidence photographique.

alexandre-pierre-albert-shootingCrédit photo : Keren Bisaz / Mirage photography

Interview


Quelle est ta signature, ce qui te différencie des autres artistes ?

Je dirai sincérité. Je crée sans arrière-pensée. Optimisme, peut-être, dans le sens où j’espère toujours que le lecteur, le spectateur regarde mes œuvres avec un esprit ouvert.
Un peu provocant et ironique ; Il y a des sujets qui doivent être montrés, des histoires qui doivent être narrées. Faire réagir et, certainement, faire réfléchir les spectateurs me tient à cœur. Simplicité, j’utilise les lieux que je trouve sans y toucher. Si c’est sombre, la photo le sera, si c’est cassé, si ça fuit, si c’est boiteux, l’histoire s’écrira en conséquence.

Ton activité professionnelle est centrée sur la photographie d’architecture, la facette artistique de ton activité semble se trouver à l’opposé du spectre photographique. Comment concilies-tu ces deux aspects ?

D’un côté, je représente la vision de l’architecte, d’un client. Je suis à son service et mon travail, dans ce cas, est de valoriser le sien avec conviction.
Les mises en scène artistiques racontent des histoires. Lieux, modèles, accessoires sont choisis dans un but narratif, en fonction du ton que je souhaite donner à l’ensemble, de l’esprit du lieu aussi. C’est un monde imaginaire, allégorique et ironique. Au contraire du déterminisme un peu clinique sous-jacent à la photographie d’architecture, ici, on est dans l’improbable, l’imparfait, le subjectivement beau, une liberté que je m’octroie.

En fait, ces deux aspects de mon travail, c’est un peu comme de parler plusieurs langues.
On est la même personne lorsqu’on parle sa langue maternelle ou une autre qu’on maitrise, mais en même temps un peu différent, pas la même respiration, n’est-ce pas.


Que veux-tu transmettre ?

Transmettre... Des émotions, matière à réflexion pour aider à voir au-delà de l’évidence ?

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Qu’est-ce que ta pratique artistique t’apporte personnellement ?


En dehors de toutes considérations objectives ou critiques, si, lorsque je tire le polaroid ou regarde mon moniteur, le cliché montre quelque chose qui me touche, c’est ce qui me satisfait. Une fois mises au monde, je laisse mes images vivre leurs vies, dans un sens, elles ne m’appartiennent plus. Tout le monde les voit sous une lumière différente, en pense ce qu’il veut, les aime où les déteste. Entendre les gens en parler entre eux, voir leurs émotions et savoir que, peut-être, ces images vivront dans leurs prochaines discussions, c’est aussi très satisfaisant.

Quel est le premier élément qui te donne envie d’utiliser un lieu ?

La lumière ou son absence. Les tons, les objets, l’histoire du lieu, imaginaire ou réelle. Souvent, c’est aussi la force de l’absence qu’on peut ressentir en entrant dans un lieu vide, une certaine forme de silence. Le vide, comment il s’articule et comment je pense pouvoir m’en emparer, comment je pense pouvoir le ressusciter, pour un temps.

Que penses-tu de l’avenir de la photographie, comment vois-tu son évolution dans le futur ?

La photographie, dans sa grande simplicité, est pour n’importe qui l’occasion de créer, de témoigner, d’imaginer, de prendre du plaisir à voir et faire voir. Un œil, un doigt, un peu de lumière et n’importe quoi ou n’importe qui dans le cadre, et voilà ! Populaire dans sa forme moderne, la photographie est là pour durer, même si sa forme technologique continuera à évoluer.

Le futur ne sera pas différent du passé, il y aura toujours des gens pour l’utiliser comme souvenir, comme témoignage, comme forme d’expression créative...
Je pense que l’on reviendra à la permanence du médium imprimé. Toucher une image, la prendre dans sa main, la regarder et la poser ou la passer, ça n’a pas la même valeur, le même impact que sur un écran. On peut lire sur une tablette ou sur un livre, le processus reste le même, mots après mots, phrases après phrases, l’histoire se déroule au rythme du lecteur. Pour qu’une image garde sa valeur, sa charge émotive, on doit l’avoir entre les mains, c’est une question de tempo...

Comment choisis-tu tes modèles, et si tu les photographies habillées ou non ?

Dans l’ordre des choses, je compose mes scènes en partant du lieu, de ce que j’y découvre. Le décor, la lumière, les particularités géométriques de l’espace, tout ça ramené dans un cadre. Le choix du modèle vient en général assez naturellement dans le sens où elle doit s’inscrire dans le cadre imaginé.
Elle doit être le contrepoint du lieu, le souffle de vie qui va rendre la scène humainement intéressante, l’âme du lieu si j’ose dire.
Les vêtements et accessoires sont choisis pour faire pendant au lieu, appuyer la narration, renforcer ou gommer certaines particularités de l’endroit choisi. Habillée ou nue, c’est une décision qui est souvent prise sur l’instant, en fonction de l’ambiance, de la lumière, de l’effet choisi.

À quoi pensez-vous lorsque vous prenez une photo ?

Respire ! vérifies et revérifies / film, cache / objectif armé, plaques chargées, niveau, exposition... Même si tout est préparé, il y a une grande part d’improvisation, et donc on ajuste la pose, on corrige les plis, on bouge un accessoire, on pense à mettre les pièces du puzzle en place, on aligne... C’est le moment où je confronte une idée avec la réalité matérielle, et où j’essaie de juxtaposer les deux.


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